Destination Family portraits
Cyclotourisme en famille et handicap : 1 nouvelle vie !
Voilà un témoignage qui donne envie de lever les barrières, de gravir les montagnes. Blandine est une maman de 3 enfants dont Quentin, 12 ans, handicapé moteur depuis sa naissance. Elle nous raconte ici sa découverte et sa passion pour le cyclotourisme en famille, elle nous comment le voyage à vélo en famille a révolutionné leur quotidien, comment tourisme et handicap peuvent coexister pour devenir une magnifique aventure humaine. Avec ce mode de transport, Quentin peut en effet pratiquer désormais la même activité que ses frères, à leurs côtés, à la même vitesse. Et ça change tout ! Une belle histoire qui nous rappelle, à tous, qu’il faut y croire, que tout est possible. Une belle histoire qui donne une envie, folle, de partir (illico) en vacances à vélo en famille avec les enfants !
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Bonjour Blandine, peux-tu nous présenter ta famille ?
Après plusieurs années passées à la Réunion, nous vivons depuis quelques temps dans le sud de la France avec nos 3 enfants : Matthieu (5 ans), Baptiste (9 ans) et Quentin (12 ans). Quentin a un handicap moteur de naissance, une infirmité motrice cérébrale sûrement liée à sa très grande prématurité. En bref, cela l’empêche de marcher correctement. Dans la vie quotidienne, il se déplace donc en fauteuil roulant.
Comment en êtes-vous arrivés à faire du cyclotourisme en famille avec Quentin, handicapé moteur ?
Nous avons toujours été un peu sportif, et pendant très longtemps, nous portions Quentin sur notre dos lors de balades en famille. Il a par exemple fait tous les sommets de La Réunion avec nous ! En grandissant, c’est devenu compliqué moralement pour lui d’être toujours porté par ses parents. Quentin exprimait la volonté d’être avec les autres enfants, à leurs côtés. Nous lui avions acheté un tricycle et du coup, le projet de partir tous ensemble avec le même mode de transport a muri doucement dans nos têtes.
Un jour, vous vous êtes donc lancés dans le cyclotourisme en famille !
Nous avons commencé en 2014 par une semaine de randonnée à vélo sur le Canal du Midi. Nous avions prévu que Quentin fasse les 30 kilomètres par jour avec son tricycle. A son rythme, sur une route totalement plate. Mais très vite, nous nous sommes rendus compte qu’il manquait de puissance musculaire pour un tel effort et nous avons bricolé une solution de secours pour que ce séjour ce passe bien, qu’on puisse aller au bout : Quentin pédalait toujours sur son tricycle, désormais attaché derrière le VTT de son papa.
Pour la première fois, les 3 enfants avaient la même activité sportive et pouvaient aller au même rythme pendant les vacances. Ce fut une magnifique découverte. L’organisation n’était cependant pas encore optimale : nous ne voulions pas que Quentin soit « derrière ». C’est comme ça que nous avons trouvé LE vélo qu’il nous fallait pour la suite de nos aventures : le tandem Pino Hase qui permet d’avoir une personne à l’arrière (le papa en l’occurrence) qui pédale, guide et freine, et une personne couchée à l’avant qui pédale également.
Ce vélo est hyper confort pour Quentin qui est enfin devant, à profiter du paysage qui défile.
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L’organisation avec les tricycle à l’arrière
Depuis, chaque année, c’est cyclotourisme en famille ?!
Oui, depuis que nous avons trouvé le mode de voyage qui nous convient avec un enfant handicapé moteur, nous ne rêvons que des prochains itinéraires que nous pourrions faire ensemble en famille. Nous faisons des petites sorties vélo de quelques jours en France, comme en Ardèche, et des plus grandes !
Après le canal du midi à vélo en famille en 2014, nous sommes ainsi partis l’année suivante faire le tour de la Bretagne par la côte : 4 semaines pour parcourir 1000 kilomètres, soit entre 30 et 40 kilomètres par jour. Bien équipés avec notre tandem, nous étions désormais même prêts à le faire en complète autonomie, c’est à dire avec notre tente, notre réchaud et nos panneaux solaires dans nos sacoches !
En 2016, c’est en Suisse que nous sommes partis pendant 3 semaines à vélo avec les enfants. Toujours en autonomie sur les 800 kilomètres de l’itinéraire. Je dois avouer que sur le coup, j’ai été bien refroidie par le dénivelé des étapes. Le premier soir, j’ai même dit à mon mari que l’on s’était trompé, qu’il fallait abandonner. L’objectif de nos vacances à vélo en famille n’est pas du tout la performance physique. Heureusement, les itinéraires de cyclotourisme en Suisse sont extrêmement bien organisés. Nous avons vu que nous pouvions prendre le train sur les portions difficiles et à partir de là, ce fut parfait !
Avec le nouveau vélo, tout le monde est enfin à sa place !
Qu’est-ce que le cyclotourisme en famille a changé pour Quentin ? Et pour votre famille dans son ensemble ?
Quand on a un enfant en situation de handicap, on a peur qu’il « freine » la fratrie à cause de ce handicap, et que les frères lui en veuillent inconsciemment par la suite. C’était donc très important pour nous de trouver une activité que l’on puisse faire vraiment tous ensemble. Ces voyages en vélo en famille nous créent de nombreux souvenirs en commun. On partage les bons moments comme les petites galères quand on se trompe de chemin, qu’on a une baisse de moral, un coup de fatigue. Les garçons se sont toujours bien entendus mais grâce à ces semaines passées à pédaler côte à côte et à vivre 24h/24h en tribu, il est certain qu’une nouvelle interaction s’est créée entre eux.
Pour Quentin spécifiquement, tous ses kilomètres parcourus en vélo ont contribué à lui donner confiance en lui. Il s’est rendu compte qu’il pouvait faire comme tout le monde ; et qu’il pouvait même faire beaucoup plus ! Par ailleurs, le fait d’être sur un tandem et de devoir s’en remettre entièrement à son père pour la conduite, le freinage, la vitesse, l’a obligé à lâcher prise, à faire confiance aux autres. Ce n’était pas gagné car ne maîtrisant pas son environnement, Quentin, et les enfants handicapés moteur comme lui, sont nécessairement, au départ, plus craintifs.
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Du cyclotourisme, au cyclocamping
On n’a pas encore parlé des 2 autres frères, également bien méritants sur ces séjours de cyclotourisme en famille !
Matthieu, le plus petit est encore sur un siège enfant sur mon VTT. Baptiste lui, pédale en autonomie sur son vélo et avale depuis qu’il a 7 ans les 30/40 kilomètres par jour que nous faisons lors de nos séjour à vélo en famille.
La blague entre nous, c’est de dire à Baptiste que si il continue à pédaler aussi vite, nous le lesterons en le faisant porter nos sacoches la prochaine fois ! Pourtant, il n’est pas plus sportif qu’un autre enfant. Et on ne s’entraine pas (c’est une question qu’on nous pose souvent). La seule chose, c’est que nous allons tous les jours à l’école en vélo. Même Quentin avec son papa ! C’est une organisation, mais c’est tout à fait réalisable.
Pourriez-vous revenir en arrière et changer de moyen de transport pour voyager ? Conseillerais-tu le cyclotourisme en famille à tous les parents ?
Parfois, on a des envies de road-trip en camping-car. Mais la réalité, c’est qu’on a maintenant bien trop peur d’être « enfermé » ! Le vélo rend tellement heureux. Avoir la tête toujours dehors, le vent dans les cheveux… cela procure un sentiment de liberté dont on peut difficilement se passer.
En voyage à vélo, on apprend aussi à vivre avec le temps. Le temps qui passe (plus lentement !) mais aussi le temps qu’il fait. On ne voit plus la pluie de la même manière car on se rend compte qu’on peut en profiter même quand elle est là. On s’émerveille de tout, même de ce qu’on ne voit même pas quand on est passif, assis dans une voiture. On prend du plaisir à percevoir les micro-changements du paysage qui défile doucement.
Pourquoi avoir tenu à témoigner sur ce blog de voyage en famille ?
Nous rencontrons beaucoup de parents qui se sentent enfermés avec leur enfant handicapé. Les sorties de cyclotourisme en famille ont, pour notre part, changé notre quotidien et nous ont ouvert de nouveaux champs des possibles. Avec notre expérience réussie, je veux montrer à tous que l’on peut lever les barrières, sortir de la douleur, du repli sur soi. Le week-end prochain, deux familles viennent à la maison essayer notre tandem avec leur enfant handicapé. C’est une petite victoire. Et notre nouveau cheval de bataille.
Quels sont vos prochains projets liés, j’imagine, au cyclotourisme en famille ?
Maintenant que nous avons trouvé notre manière de combiner voyage en famille et handicap, on ne veut plus s’arrêter ! Nous voulons partir toujours plus loin, toujours plus longtemps. L’été prochain, nous programmons un séjour à vélo en famille d’au moins 2 mois. Peut-être à Madagascar ou en Amérique Latine, reste à nous organiser avec nos boulots respectifs et notre budget serré. Le rêve ultime serait de partir un jour en tour du monde en famille à vélo. Rien n’est impossible, alors pourquoi pas :).
Merci Blandine pour ce magnifique témoigne ! On vous suivra lors de votre prochain périple, c’est promis. En attendant, découvrez toutes leurs aventures sur le blog « 3 ti-gars à roulettes ». Et si la thématique du voyage et du handicap vous intéresse, je vous invite également à suivre le joli blog d’Audrey, une globetrotteuse en fauteuil roulant.
Livres sur le cyclotourisme en famille qui peuvent vous plaire :
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Maman aventurière de 2 enfants, j’ai créé Voyage Family en 2015 pour partager ma passion du voyage avec enfant et bébé, vous inspirer, et vous aider concrètement à organiser vos vacances et vos week-ends en famille. Les enfants qui voyagent en conscience seront les citoyens curieux et ouverts dont nos sociétés ont besoin… offrons-leur cette chance et partageons-la avec eux : rejoignez la communauté Voyage Family et retrouvez tous les parents voyageurs sur les réseaux sociaux !
A très vite, Caroline